samedi 8 février 2014

En plein décintrement

Chapelle des Calvairiennes
Centre d'art contemporain de Mayenne,
une invitation de Mathias Courtet
du 14 février au 23 mars 2013
Vernissage le 14 février à 18h




En plein décintrement
2014
acier peint et céramiques émaillées (60 cm d'envergure)
dimensions de la chapelle


La chapelle des Calvairiennes possède cette identité forte, mélange de dépouillement et de richesse baroque.Particulièrement son retable, qui, rapporté, sans aucun lien stylistique avec la chapelle elle même, très ouvragé, très décoré, mais son couleur,vient «vampiriser» l’impression que l’architecture, sans aucune fioriture peut provoquer d’elle même.
Il m’a semblé qu’une sculpture, qui viendrait prendre la mesure de l’espace, tout en légèreté, sans s’imposer mettant en lumière cette dichotomie pouvait trouver une place et dire quelque chose du lieu.
L’architecture très simple, avec une voûte en plein cintre, bardée de bois, m’a amené à réfléchir à la notion de structure de voûte, et plus précisément de structures danses, multiples, complexes, telles celles qui se sont développées avec l’âge du gothique flamboyant.
La pensée première de l’objet a donc été cette mise en perspective, d’une chapelle dépouillée, à un retable baroque, par une sculpture en ligne à la logique gothique.
Pour venir ponctuer ce dessin, j’ai pensé aux clés de vôutes, autrefois, et encore dans certain cas, très colorées, très ouvragées. Ces clés sont réalisées en céramique émaillées, presque bariolées, et sont réparties dans le lieu selon un plan préalablement établi.
Cette disposition des clés,  au nombre de 15, reprend dans son intervalle et sa disposition l’emplacement des 15 chapelles qui ont été dédiées aux calvairiennes au cour de l’histoire, dans l'ouest de la  France.
Ce plan, cette «constellation» vient se superposer au plan de la chapelle pour permettre aux 15 clés de trouver leur place dans le lieu.
Ainsi par cette disposition, tout les différents espaces de la chapelles sont réunis, de la nef, aux deux parties séparées par le retable, jusqu’aux deux petites «chapelles» jouxtant la nef.
Tel un miroir, la structure est posée à l’envers, clés vers le haut, sur différents arcs cintrés, donnant à l’ensemble une impression dynamique de bascule possible et accentuant ainsi la légèreté de l’objet.
La sculpture est composée de deux matériaux. Le dessin des arcs de la voûte reprenant ce principe de croisée d’ogives, mais démultiplié, comme dans le gothique anglais, jusqu’à devenir confus, est en acier cintré, sans traitement de surface.
Un élément indépendant, lui aussi en acier vient  réceptionner les clés de voûte, peint par thermolaquage.
Les clés, très colorées, sont en céramique émaillée, et reprennet dans leur forme le style des noeuds taillés sur le retable de la chapelle.
La sculpture se dessine au fur et à mesure de sa mise forme, sans plan préalable, si ce n’est l’emplacement des 15 clés rigoureusement défini sur le sol même de la chapelle. Mais leur disposition dans l’espace, leur hauteur, leur articulation, se fait à mesure de l’avancée de son assemblage.
Je souhaite ainsi conserver par ce principe de composition, une spontanéité dans le dessin globale de la sculpture: un canevas fixe de base est préétabli, l’emplacement des clés; mais les relations, et donc le dessin de l’objet , ne l'est pas.
 Les lignes des arcs, nombreux, multiplient les connexions entre les clés,structurant par là même la sculpture, tout en complexifiant sa lecture.